Alba

« La Terre des Géants, que l’on nomme Alba, est la partie la plus septentrionale de Brittania. Cette précision faite, est-il encore besoin de présenter cette contrée qui, depuis l’aube de l’humanité, sait si bien nourrir l’imagination des hommes ? Est-il encore besoin de raconter ses légendaires vallées taillées au couteau dans le ventre du monde, ses lochs noirs et brumeux, ses hivers interminables et ses côtes déchiquetées, ses forêts secrètes et sa vie sauvage, ses forces telluriques et ses cultures ancestrales ? Terre farouche et primordiale, creuset de mystères et d’hivers glaciaux, elle nourrit le sang d’êtres libres et fiers, profondément généreux et loyaux, et dont l’âme comme le bras n’ont qu’une parole…

Les origines des différents peuples qui la composent se perdent dans les méandres du temps, tant et si bien que nul ne se souvient qui fut là en premier, bien que chacun encore le revendique…   

Les Pictes sont joyeux, sauvages, vivants, bigarrés…des hommes redoutables et mystiques, effrayants pour ceux qui ne les connaissent pas ; mais pour les autres, ils savent se montrer, à défaut d’être tout à fait doux, joviaux et hospitaliers. Leurs tribus obéissent à différents clans, très disparates du moment où il n’est question que de querelles intestines ; mais menacez leur intégrité en tant qu’étranger, et vous verrez la solidarité dont sait faire preuve ce peuple pour vous faire front !     

La Calédonie est à Alba ce que Logres est à Brittania. Province septentrionale par excellence, elle  s’étend au-delà des Highlands, de l’Orcanie aux îles inhospitalières d’Arkhaib. Un royaume très ancien, à la lignée prestigieuse, qui porta à la mémoire de l’humanité celui qui fut jusqu’aujourd’hui leur plus intraitable et renommé roi : Loth. Une terre austère, noble de sang comme d’âme, laborieuse et fidèle, courageuse et pourtant réfléchie. L’homme qui se perd en Alba y trouvera, à défaut d’une atmosphère tout à fait chaleureuse, un espace insoupçonnable de raffinement et de culture au cœur d’un monde hostile et glacé. 

Eileann Siar n’est pas ce que l’homme du continent peut appeler un royaume. On a rassemblé, par tradition, tout ce qu’Alba compte à sa plus nordique extrémité d’îles et de rochers, au sein de cette dénomination ; pourquoi ? parce que de facto, elles rassemblent une culture homogène et unique. Les Iliens sont, aux yeux du reste du monde, fous ou démoniaques pour survivre entourés des océans déchaînés du grand nord…Vivant par clans, sous l’autorité d’un Yarl unique qu’ils élisent parmi eux  tant sur ses qualités de navigateur que sur sa bravoure et son intelligence, c’est un peuple éminemment solidaire, ingénieux, généreux et…marin avant tout le reste ! 

DalRiada est un royaume magique, installé à l’ouest d’Alba à la jonction de la mer intérieure, et nourri de ses origines hiberniennes. Ses habitants, les Scotts, possèdent en eux ce quelque chose de  mystérieux qui peuple nos contes du soir…Hospitaliers, braves, nobles, il n’empêche que quoi qu’il arrive, quelque chose vous échappera du portrait qu’ils vous proposent. Certains pensent qu’ils sont, au même titre que les Faës et les Korrigans, des esprits naturels au tempérament tant serviable que farceur…Ce sont toutefois bien des hommes, de belle qualité, dont on saurait tirer de brillantes légendes, comme d’obscurs récits d’effroi. D’aucuns s’imaginent que la Dame du Lac serait une princesse Scott, d’autres encore que les hommes de DalRiada protègent la porte d’Avallon dont ils sont les seuls mortels à connaître l’emplacement ; bien entendu, ce ne sont que des légendes…Mais moi-même m’est-il arrivé de me poser rapidement ce type de question à leur égard… »  

Myrddin Merfynsonn, Notes de Voyages – Livret I : Courte revue des peuples du monde

T.L._2013