Les Terres Pictes

Les Pictes étaient une confédération de tribus brittoniques vivant dans ce qui est devenu l'Écosse du nord et de l'est, présents avant la conquête de l'île de Bretagne par les Romains et jusqu'au Xe siècle lorsqu'ils se réunirent avec les Gaëls. Ils vivaient au nord des fleuves Forth et Clyde, et parlaient le picte, une langue éteinte suggérée comme étant liée aux langues brittoniques parlées par leurs voisins du sud, les Bretons insulaires. Les Pictes sont d'ailleurs désignés comme Brithwr par les Gallois. Les Pictes sont considérés comme étant les descendants des Caledonii et autres tribus identifiées par les Romains ou figurants sur la carte du monde de Ptolémée. Le territoire des Pictes, connu sous le nom de Pictavia, ou Pictland en anglais, se fondit progressivement avec le royaume gaélique de Dál Riata et forma le royaume d'Alba. Alba s'étendit, absorbant les royaumes brittoniques du Strathclyde et de Bernicie. Au XIe siècle, l'identité des Pictes avait disparu au profit d'un amalgame de peuples identifiés comme « Scots ».

L'archéologie permet d'avoir des éléments quant à la société des Pictes. Bien que très peu d'écrits des Pictes nous soient parvenus, leur histoire depuis la fin du VIe siècle est connue par des sources variées telles que des annales irlandaises, l'Histoire ecclésiastique du peuple anglais de Bède le Vénérable, ou des hagiographies à l'instar de celle de Colomba d'Iona réalisée par Adomnan d'Iona. Bien que l'idée des Pictes dans l'imaginaire populaire puisse être celle d'un peuple mystérieux et obscur, ceci est loin de la réalité. Comparativement au cas de l'Europe centrale, du nord et de l'est lors de l'Antiquité tardive ou de la période médiévale du Ve siècle au début du XIe siècle, des témoignages de l'histoire et de la société pictes sont bien présents.

 Source : Wikipedia

---

Notes de voyage de Myrddin

 « De retour d’Orcanie, nous essuyâmes une de ces déroutantes tempêtes de printemps qui savent si cruellement vous rappeler que l’hiver n’est pas encore loin derrière…Nous n’eûmes pas à déplorer d’incident trop prégnant, cependant le mât sembla fragilisé au capitaine, et il décréta que nous devions en toute urgence faire halte au port le plus proche ; formule habituellement sans conséquence, à ceci près que le mouillage le plus proche en question était Obar Deathain, au beau milieu des terres Pictes…Inutile de dire que l’équipage n’eut aucun enthousiasme à cette perspective, et il fallu toute notre force de persuasion pour convaincre ces Bretons d’accoster pour réparations en territoire ennemi…

Une cité Picte a toujours un je-ne-sais-quoi de profondément déroutant ; mise à part Alectum qui a su, sans doute de par quelques vestiges de culture romaine, conserver un tant soit peu de cohérence, les villes et villages de ces gens savent traduire avec une certain ironie la sauvagerie des éléments qu’ils affrontent au quotidien…Ce qui, peut-être, ne me déplaît pas tant, à moi qui ne parviens toujours pas à me faire à la notion de vie urbaine…

Sur ces terres côtières en bordure des montagnes d’Alba, le début de la belle saison n’est qu’une affaire de point de vue ; une pluie glaciale et fine suivait les rafales continues de la mer, tissant sur les collines alentour un tableau miroitant d’herbes hautes tantôt vertes et tendres, tantôt acérées et lustrées comme l’acier…Dans la brume lointaine se dessinaient les Highlands, loin à l’ouest, formes noires et menaçantes qui n’apparaissaient pas moins sombres que les hautes falaises d’où émergeait le village où nous avions prévu d’accoster.

Je fis rabattre à la hâte notre pavillon, et insistais pour être le premier à mettre pied à terre : je connaissais bien le dialecte local, et il me souvenait avoir aidé dans sa prime jeunesse un chamane du cru aux mœurs décousues…J’eus la chance que le bougre fut encore en vie : le pauvre homme que l’on m’amena, décharné par trop de guerres et d’hivers dans le Haut Pays, n’était plus qu’un vieillard. Mais sa tête, semble-t-il, fonctionnait toujours bien, et, me reconnaissant, il se porta garant de ma personne et de mon équipage…Il eut même la courtoisie de ne faire aucun commentaire sur ma propre jeunesse, mais je pense que ce silence ne me fut accordé que par une certaine forme de crainte mystique de voir un très vieux compagnon ne pas avoir pris une ride !

Nous fumes donc menés au « château » d’Obar Deathain (en réalité une sorte de très longue et haute bâtisse de bois et de plain pied), avec l’instruction donnée aux hommes du port de nous fournir tout le soutien possible. On nous conduisit le long d’un chemin boueux cerné de bruyères et de pierres envahies par les lichens, croisant sous la pluie battante quelques fermes à la construction très sommaire, d’où sortaient des habitants médusés devant l’accueil fait à notre convoi, et qui tâchaient de dissimuler sous leurs tatouages traditionnels toute la haine que leur inspiraient mes compagnons. Mon ancien camarade, doyen des chamanes de la région,  avait, merci pour nous, une grande influence désormais, et non seulement nul ne se sentit d’outrepasser son autorité quant à notre sécurité, mais encore ce fut avec les honneurs (biche sacrifiée sur nos couches, lances rituelles aux porteuses de nourriture, et j’en passe…) que nous fûmes accueillis au sein d’une cour hétéroclite, chamarrée, et pour tout dire franchement bordélique.

Mes compagnons ne desserraient pas les dents, et ne se départirent de leurs craintes qu’une fois partis et loin des côtes Pictes…Mais cependant, certains gardent encore le souvenir d’un peuple qui, au-delà de ses apparences sauvages, sait être profondément chaleureux, joyeux et loyal. »

Myrddin Merfynsonn, Notes de Voyages – Livret II : A la rencontre de Brittania

T.L._2013