Caledonia

Caledonia est vraisemblablement le pays des Calédones, peuple brittonique^{[réf. nécessaire]}, dont l'ethnonyme est basé sur l'adjectif caled- « dur » que l'on retrouve en breton kaled et en gallois caled, même sens^[1]. Le suffixe "-one" se retrouve dans les ethnonymes de nombreux peuples celtes, continentaux ou britoniques (Ligons, Santons, Pictons…)

On retrouve cet adjectif dans le nom de nombreuses tribus brittoniques et gauloises comme les Ancalites « les très durs » de Grande-Bretagne ou encore les Calètes en Gaule. Ensuite, il est présent dans des théonymes, des anthroponymes ou des toponymes comme (Mercure) vassocaleti « dur aux soumis » ou « valet difficile », Caletius, Caletinus, Caletiu (Styrie), ainsi que Chédon (Loir-et-Cher, Calatonno au VI^e siècle), peut-être de *Caleto-dunon^[2].

La Calédonie ne fut pas conquise par les Romains malgré l'expédition militaire de Julius Agricola de 82/84, et la victoire des « Mons Graupius », elle ne fait jamais partie de l'Empire romain. Une flotte romaine en fit le tour, vérifiant ainsi le caractère insulaire de la Bretagne^[3] et Tacite note que les cheveux roux et la stature des Calédoniens plaident selon lui en faveur d'une origine germanique.

En 122 l'empereur Hadrien vient en Britannia afin de consolider la frontière avec la Calédonie et fait édifier le Mur d'Hadrien. En 142 Quintus Lollius Urbicus reprend pour le compte de Antonin le Pieux la « Brigantia » qui avait été abandonnée depuis 100. Le nouveau limes construit sous cet empereur le Mur d'Antonin situé au nord du précédent entre le Firth of Forth et le Firth of Clyde est toutefois abandonné dès 160/165.

En 182 le Mur d'Hadrien est forcé par les « Barbares » . Après la chute de l'usurpateur Clodius Albinus en 197, Virius Lupus traite avec les Maiatai. En 207 Caracalla réoccupe Carpow sur le Firth of Tay (?). En 208 Septime Sévère et ses fils Caracalla et Geta envahissent la Calédonie. Vainqueurs ils négocient avec un chef nommé « Argentocoxos » (i.e: jambe d’argent) ^[4]. Ils sont proclamés « Britannici » par leur armée en 209. L'année suivante Caracalla attaque « Maiatia » (i.e: Maètes) et « Caledonia » . L'offensive s'arrête après la mort de Septime Sévère à Eboracum en 211.

Dion Cassius vers 230, complète son « Histoire » et donne de la Calédonie la description suivante: " Il y a en Bretagne deux nations très importantes, les Calédoniens et les Maètes, et c'est à eux que se rapportent les noms, pour ainsi dire de tous les autres peuples. Les Maètes demeurent le long de la muraille qui divise l'île en deux parties, les Calédoniens sont derrière eux ; les uns et les autres habitent sur des montagnes sauvages et arides, ou des plaines désertes et marécageuses, sans murailles, ni villes, ni terres labourées, ne mangeant que de l'herbe, du gibier et du fruit de certains arbres ; car ils ne goûtent jamais de poisson bien qu'ils en aient en quantité innombrable. Ils passent leur vie sous des tentes, sans vêtements et sans chaussures, usant des femmes en commun et élevant tous les enfants qui naissent." — Dion Cassius, Histoire Romaine, livre 76, chapitre 12.

En 305 Constance Chlore envahit le nord de la « Britannia » mais il meurt à Eboracum en juillet 306. Euménius, son panégyriste écrit que les Pictes comme les Calédoniens ont les cheveux roux (rutilantia). À partir du IV^e siècle, on utilise plutôt le nom de « Pictes » pour parler des habitants de la future Écosse.

Selon Ammien Marcellin en août 367 une « barbarica conspiratio » éclate en Britannia. Elle inclut des « Picti » du nord qu'il divise en « Dicalydones et Verturiones » ainsi que des « Scotti » d'Irlande et des « Attacotti », selon lui une nation guerrière d'origine insulaire identifiée parfois avec les Novantae. Le comte Nectaride qui commandait sur la côte (comes litus Saxonicus) est tué et le Dux Britanniarum Fullobaudes est capturé dans une embuscade. L'ordre est rétabli par le comte Théodose l'Ancien ^[5].

Théodose l'Ancien débarque en Britannia à Rutupiæ en janvier 368 avec un corps expéditionnaire composés d'unités d'élites comme les « Joviens » et les « Victores » et des troupes de barbares fédérés Hérules et Bataves. Par une série d'opérations les Scots et les Pictes sont rejetés en Calédonie et une nouvelle région miliaire entre les deux murs est créée sous le nom de « Valentia » en l'honneur de l'empereur. La situation est restaurée en 370 lorsque le comte regagne le continent.Les peuples locaux dont la fidélité a été démontrée les Dumnonii à l'ouest et les Uotadini à l'est sont désormais chargés d'assurer la sécurité des limites. D'autres peuples sont liquidés comme les Selgovae ou enrôlés sur le continent comme les Atecotti ^[6]

Vers 383/384 l'usurpateur Magnus Maximus combat les « Picti » et les « Scotti ». La dernière intervention de Rome dans la région semble être vers 400 celle attribuée au général Stilicon par Claudien qui envoie l'ordre de lancer une expédition maritime sur les côtes occidentales de la Britanniæ ^[7]. Toutefois l'ouest de la Calédonie, est conquise par ces Scots venus d'Irlande à partir du V^e siècle , elle devint de ce fait Scotia, qui donna en français le terme Écosse.

Au VI^e siècle Jordanès écrit encore cependant: « Les habitants de la Calédonie ont les cheveux roux et de grands corps souples. » — Jordanès Histoire des Goths (Getica)

Source : Wikipedia

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Notes de voyage de Myrddin

« La Calédonie en général, et plus particulièrement l’Orcanie, a toujours su élever chez moi des sentiments profondément contradictoires. J’y ai toute une foule d’amis fidèles auxquels je voue un amour fraternel ; j’aime au-delà du raisonnable ses paysages qui, pour violents et mystérieux qu’ils puissent paraître, savent éveiller en moi une fascination et un attachement profonds, mêlés de crainte respectueuse  pour cette Terre des Géants qui revêt à mes yeux le statut de Creuset Primordial…Ici, j’ai toujours le sentiment, au cœur de ces espaces désolés et inquiétants, que c’est en ces contrées que le monde fut tout d‘abord forgé, et qu’il ne changea jamais depuis cette esquisse originelle.

Et pourtant.

Pourtant toute une part de moi déteste l’Orcanie. Si son caractère âpre et courageux a toujours  suscité en mon âme  un profond respect, je crois que le fond de mon cœur est trop aimable pour complètement apprécier l’austérité lugubre de ce peuple. Les Orcaniens sont fiers, ils n’ont aucune forme d’humour, partagent un sens particulièrement aigu de la noblesse de sang, et vouent leur existence, avec un sens du devoir qui force mon admiration, au travail et aux responsabilités qui sont les leurs.

Mais comment pourrait-il en être autrement ? Ces Bretons affrontent au quotidien les régions les plus difficiles d’Alba, oserais-je dire de toute la Bretagne ? Ils ont du adapter leur vie en fonction des nécessités impérieuses auxquelles ils ont du faire face…Des hivers en forme de nuit, des montagnes acérées, des côtes hostiles, des lochs brumeux et profonds…sans compter les hordes Pictes qui, à tout moment, peuvent vous tomber dessus sans crier gare du moindre recoin sombre qui s’était dissimulé à votre attention ! 

Aussi, alors que mon étape prenait fin avec la silhouette obscure d’Inbir Niss face à la mer au bout de la route, je ne pouvais m’empêcher, au cœur de cet hiver glacé et funèbre, de me dire que cette terre blanche et ses rocher noirs manquaient, tout comme leurs hommes, singulièrement de couleur et de joie…D’autant que les Pictes plus au sud justement, exprimaient l’exact opposé de ce peuple rigoriste et sans fantaisie. Mais je ne pouvais pas me permettre de passer sans saluer le Roi Loth, d’autant que j’avais besoin de lui pour affréter un navire afin de me rendre à Kirkvoe…

Passant une dernière colline bordée d’arbres chétifs et décharnés par les rafales de la vallée, je constatai qu’un groupe d’hommes en armes venait à ma rencontre…Il faut savoir que, dans le contexte qui est celui d’Alba, nous sommes ici en terre civilisée ; et les Orcaniens tiennent à ce que l’on ne les confonde pas avec tous les autres peuples locaux qu’ils ne voient que comme des barbares. Ainsi donc, ce petit groupe de soldat portait des capes d’étoffes finement tissées et ornementées, et chacun arborait le luxe de se vêtir d’un peu de maille ; un détail de coquetterie pour ainsi dire dans ce pays d’eau et de sel qui doit contraindre ces hommes à graisser leurs armures au moins chaque semaine s’ils veulent ainsi les sortir à la moindre occasion superflue ! Ah c’est sûr, ça impressionne, mais à quel prix ! Et les couleurs…à quoi bon se parer ainsi d’étoffes précieuses si c’est pour n’offrir que les plus sombres dégradés de teintes qu’il fut possible de tisser ? D’autant que sur les étendues blanches que l’hiver propose ici plus de six mois dans l’année, vous conviendrez que question discrétion…

Bref, des éclaireurs avaient repéré ma venue, et l’on me faisait envoyer une escorte afin d’être bien certain que j’irai présenter mes hommages, et que, on ne sait jamais, je n’étais pas en mission de reconnaissance pour un peuple ou un autre…Une certaine vision de l’hospitalité dont j’étais coutumier, mais à laquelle je ne me ferai jamais !

C’est ainsi que l’on me mena auprès du Roi Loth ; et lorsqu’il fut tout à fait rassuré des motivations de ma venue, il me rit au nez, le bougre ! Mon bave Myrddin, qu’il me dit avec une ironie détestable, vous me savez votre obligé, mais il n’y a bien que vous pour venir de si loin dans l’unique but de rejoindre cette île inhospitalière ! Moi-même, je ne la garde que pour les peaux de phoques qu’elle me rapporte, et parce qu’elle est bien commode pour exiler les ennemis que je ne peux décemment pas exécuter…Je ne peux pas vous dire non, mon honneur ne s’en remettrait pas ; mais par la barbe des Géants, que voulez-vous faire sur ce cailloux venteux ? »

Myrddin Merfynsonn, Notes de Voyages – Livret II : A la rencontre de Brittania